Collection Eupalinos / A+U

Bruno Zevi

Le langage moderne de l’architecture

Pour une approche anticlassique

Traduit de l’italien et présenté par Marie Bels  

Collection : Eupalinos / A+U
15 × 23 cm, 112 p., illustrations, 2015.
ISBN 978-2-86364-671-7
Prix : 12 €

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  • Un extrait 

Dans les années 1970, Bruno Zevi, architecte, historien et critique d’art italien, établit un étrange constat : bien peu d’architectes savent « parler » et « lire » l’architecture. Un seul langage architectonique prédomine : celui du classicisme ; un seul système a tout figé : celui des Beaux-Arts. Il n’y a que l’architecture moderne, avec son langage alternatif autonome, qui peut venir faire exception à la règle académique. Et il y a selon lui urgence car « une fois que le Mouvement moderne sera épuisé, nous n’arriverons plus à lire les images de tous les architectes qui ont parlé une autre langue que celle du classicisme : les bâtisseurs du paléolithique, les maîtres de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge, les maniéristes et Michel-Ange, Borromini, les protagonistes de Arts and Crafts et de l’Art nouveau, Wright, Loos, Le Corbusier, Gropius, Mies, Aalto, Scharoun… »
À travers ce livre, composé d’une série de conversations qui se tinrent lors de séminaires d’architectes et d’urbanistes à Rome, Bruno Zevi identifie « sept invariants », autant de témoignages contre l’idolâtrie classique, autant de clefs pour comprendre les messages contemporains. Tous sont liés par une idée commune : il faut faire table rase, désacraliser, se dépouiller des tabous culturels, se libérer des ordres — véritables dogmes sclérosants —, des inerties et des poids morts accumulés par des siècles de classicisme. Hautement subversif, véritable pamphlet pour une révolution architecturale, Le Langage moderne de l’architecture n’en est pas moins un texte merveilleux d’intelligence et de drôlerie.
« La fenêtre. Pour les fenêtres d’un palais de la Renaissance, le classicisme sélectionne un module, puis étudie la séquence des modules, les rapports entre les vides et les pleins, les alignements horizontaux et verticaux, c’est-à-dire la superposition des ordres. Eh bien, l’architecte moderne va s’affranchir de ces préoccupations formelles […]. Chaque fenêtre est un mot : elle vaut par elle-même, pour ce qu’elle dit, pour ce qu’elle apporte ; il est hors de question de l’aligner ou de la proportionner. Elle peut prendre n’importe quelle forme : rectangulaire, carrée, circulaire, elliptique, triangulaire, composite, de forme libre, tout dépend de la pièce qu’elle doit éclairer. […] Il n’y a aucune raison d’uniformiser les fenêtres et de mortifier ainsi leur fonction. Plus elles seront variées, plus elles seront efficaces et plus elles transmettront une pluralité de messages. »