Asphalte

LE LIVRE

L'AUTEUR

VISUELS

« Minas s’est approché du camion. Lorsque l’un des ouvriers place le seau sous l’ouverture d’où l’asphalte s’écoule en lançant un jet de vapeur en direction de Minas, il se cache la figure dans les mains, il tousse pour dégager sa gorge qui s’étrangle, il ouvre les yeux et, à l’instant même où il les ouvre, sur l’asphalte qu’on est en train d’étendre dans la rue, il voit Nicole qui marche main dans la main avec Monique, de sa démarche majestueuse, gaie, plus gaie et plus magnifique que les jours de revue. »

« Une fois dans la chambre, il était allé droit à la fenêtre, avait regardé dehors. La vue était admirable, dégagée jusqu’à la coupole du Panthéon. En bas, le fleuve, où un remorqueur tirait deux grosses péniches. En face, sur les quais, la foule ininterrompue du Quartier Latin, qui semblait d’ici paisible et silencieuse. En se retournant, il vit que Nicole était près de lui… »

Publié en 1972, Asphalte est le troisième tome du cycle Les Persécutés de Zareh Vorpouni. Ce roman explore la vie des réfugiés arméniens à Paris dans les années 1920, et les conséquences du génocide sur la diaspora. On y suit un jeune rescapé tentant de se reconstruire dans la France de l’entre-deux-guerres. Vorpouni y aborde les difficultés d’intégration, les tensions identitaires et les traumatismes liés à l’exil. À travers une narration introspective et un style moderne, l’auteur donne voix aux conflits intérieurs d’un homme partagé entre son héritage arménien et la culture française. L’œuvre, marquée par sa profondeur psychologique, illustre les enjeux de mémoire, d’identité et de résilience dans la littérature arménienne de diaspora.
Déjà paru : Le Candidat (Parenthèses, 2021).

Zareh Vorpouni (1902-1980) est l’une des principales figures de la littérature arménienne. Rescapé du génocide, il rejoint Marseille puis Paris où il fréquente les milieux artistiques et littéraires. Dans son cycle romanesque Les Persécutés il explore les caractéristiques psychologiques de ses personnages et la désintégration de l’identité.

Zareh Vorpouni

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