De la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours, la Question arménienne a subi des métamorphoses et le théâtre de ses faits s’est déplacé.
La Question arménienne c’est tour à tour la question des réformes à accomplir dans les provinces orientales de l’Empire ottoman, le problème du droit à l’existence d’une minorité chrétienne en Asie Mineure ou celui des apatrides arméniens et de leur dispersion mondiale avec la dualité Arménie soviétique-diaspora. Après la Seconde Guerre mondiale, la Question arménienne est posée à la République de Turquie en termes de reconnaissance du génocide de 1915 et en termes d’irrédentisme. Depuis quelques années elle a émergé sous la forme d’un terrorisme plus « national » qu’international, mais dont le champ d’action s’étend aux dimensions de la diaspora.
Anahide Ter Minassian (26 août 1929 - 10 février 2019) était historienne. Issue d’une famille de militants arméniens, originaires de Mouch, elle a poursuivi ses études à la Sorbonne et obtenu son agrégation d’histoire ; elle a enseigné à partir de 1969 à l’Université de Paris I puis à l’École des Hautes Études en Sciences sociales. Ses recherches ont principalement porté sur l’histoire des Arméniens aux xixe et xxe siècles, et notamment sur l’émergence et le rôle des mouvements révolutionnaires. Elle s’est particulièrement intéressée aux aspects sociaux et culturels des différentes communautés de la diaspora et a publié d’innombrables études dans des revues spécialisées. Ses principaux articles ont été regroupés en volume dans deux ouvrages : La question arménienne (Parenthèses, 1983) et Histoires croisées, diaspora Arménie, Transcaucasie, 1890-1990 (Parenthèses, 1997). Elle a coordonné et présenté avec Kéram Kévonian l’édition française du récit de sa grand-mère Gulizar, victime et héroïne d’un épisode emblématique dans la vie des communautés de l’Empire ottoman (Arménouhie Kévonian, Les noces noires de Gulizar, Parenthèses, 2005). Son histoire de la première indépendance arménienne a paru aux éditions Complexe (La République d’Arménie, 1918-1920, Complexe, 1989, 2006). Elle a coordonné et préfacé (avec Houri Varjabédian), l’anthologie Nos terres d’enfance, l’Arménie des souvenirs (Parenthèses) et traduit de l’arménien le récit de Vahé Oshagan Onction (Parenthèses, 2019).