Qu’il soit politique et revendicatif, qu’il cherche à exprimer l’identité d’une nouvelle nation, à définir une identité commune pour des insulaires immigrés, qu’il tente de faire exister une expression individuelle et singulière, l’art contemporain océanien a émergé avec les mouvements de renaissance culturelle des années 1960‑1970. Cette période féconde a vu s’exprimer, souvent dans le même dynamisme, revendications politiques et réveils culturels. On peut considérer avec le même intérêt les créateurs de masques, les sculpteurs, tous les producteurs d’objets d’art selon la tradition, et les artistes issus le plus souvent des évolutions urbaines contemporaines qui troublent le partage simple entre arts de la coutume et arts de l’expression personnelle. Les peintres illustrent des thèmes contemporains avec des matériaux traditionnels (tapa, plumes, jade, bois à fortes connotations symboliques, coquillages…) ou, inversement, utilisent peinture acrylique, polystyrène, techniques graphiques ou multimédia, matériaux non traditionnels comme le bronze, l’argent, le verre… au service de formes anciennes.
Cet ouvrage présente une sélection des peintures d’artistes contemporains papous comme Mathias Kauage, Timothy Akis, Jakupa Ako, John Siune qui ont émergé dans les années soixante au contact des Occidentaux et grâce à la création d’un département d’art à l’université de Port Moresby où se sont formés plusieurs d’entre eux. Leur peinture rend compte des transitions rapides qui s’opèrent dans leur pays et dans leur vie (déplacement massif vers la capitale, urbanisation anarchique, intrusion des modes de vie occidentaux, identité bousculée), de la complexité nouvelle que cela engendre.