Même si le nom de Vauban (1633-1707) est célèbre et que le personnage est devenu une icône à qui on attribue de nombreux forts bornant les frontières de la France, sa vie comme son œuvre restent largement méconnues. L’étude de ses innombrables voyages et « visites de places » fait apparaître un Sébastien le Prestre de Vauban observateur des pays français. Passant et repassant d’un bout à l’autre du royaume, il enquête, quantifie, compare les sites, les modes de vie et les pratiques. Vauban énonce peu à peu les conditions d’une maîtrise du territoire français et construit ainsi l’idée d’un territoire homogène. Il élabore une représentation numérique et arithmétique de l’espace, inventant au passage le recensement moderne et les formulaires préimprimés qui permettent de comparer des données homogènes.
Plus encore que son œuvre de pierre, ses « constructions de papier » constituent une source fondamentale de notre rapport moderne au territoire.
Né à Toulon, Guillaume Monsaingeon enseigne la philosophie après un long détour dans l’univers des musées à Paris et en Italie, et poursuit des travaux autour de la pensée civile de Vauban ainsi que sur la cartographie dans l’art contemporain. Il a été commissaire d’expositions patrimoniales ou d’art contemporain : Vauban architecte de la Raison [Mont-Dauphin, 2007], Arsenal et poudrière [Mont-Dauphin, 2008] et Mappamundi [Lisbonne, 2011 et Toulon, 2013]. Il est l’auteur du feuilleton cartographique Échelle 1 produit dans le cadre de « Marseille, Capitale européenne de la culture 2013 » et anime l’Ouvroir de cartographie potentielle (Oucarpo). Il a publié, aux éditions Parenthèses, Mappamundi, Art et cartographie, 2013 et Villissima! Des artistes et des villes, 2015.