Résultat : un futur sans rupture

Alexandre Pierrepont

Le champ jazzistique

Le champ jazzistique

 

Collection : Eupalinos / MUS
15 × 23 cm, 176 p., 2002.
ISBN 2-86364-626-5
Prix : 14 €

  • Imprimer la fiche
  • Un extrait 

Work Songs, Negro Spirituals, Gospel Songs, Blues, Funk, Rap, auxquels nous pourrions encore adjoindre le jazz afro-cubain ou celui, d’influence proche et moyen-orientale, qualifié de modal : succession infailliblement chronologique, quadrillage stylistique conforme de tout ce qui fait pourtant la tradition afro-américaine, sans solution de continuité, et donne la contexture de la plupart des musiques « populaires » apparues au xxe siècle. Or, ces expressions musicales foisonnantes, et solidaires sur le plan des représentations, n’ont jamais pu être unifiées sur le plan musicologique en une totalité dont on aurait établi une fois pour toutes la fiche technique. Elles ne peuvent se comprendre sans articuler ces arts de faire à un certain rapport au monde : comment entend-on le monde, à quel domaine du possible l’accorde-t-on ? C’est que le champ jazzistique rend compte d’un univers de référence excédant la seule musique. La musique seule n’existe pas, elle doit faire corps avec le monde qui l’imagine et avec celui qu’elle s’imagine. D’abord surinvestie comme le dernier moyen d’expression accessible aux esclaves et à leurs descendants, aussi leur seule façon de signifier ce que l’acculturation laissait éventuellement de côté dans leurs vies, la musique s’est chargée de toutes sortes d’habiletés et de pratiques sociales pour peu à peu se transformer en un lieu d’origines, de mémoires et de visions. C’est la raison pour laquelle cet essai se demande, en douze points et un interlude, si ce champ ne réfléchit pas, plutôt qu’il ne reflète, l’histoire contemporaine et la réalité de la société occidentale, si cette musique, ses procédures de jeu et ses règles de construction, ne propose pas un autre type de sociabilité.