La nature des cultures que Peter Sloterdijk qualifia de « fondamental » est une sorte de nouvelle « généalogie de la morale », au sens nietzschéen, qui tiendrait compte des acquis les plus récents dans les domaines des sciences cognitives, de la physiologie du stress et de la génétique moléculaire.
Située aux antipodes d’une approche humaniste reposant sur la notion invariante de « nature humaine », la culture est ici définie comme « un animal sauvage », dont il s’agit de comprendre la dynamique fondamentale, pour mieux en contrôler le développement et ses dérives violentes. C’est donc moins sur fond d’opposition « nature/culture » que se déploie cet ouvrage, que sur fond d’opposition entre culture (Kultur) d’une part, civilisation (Zivilisation) d’autre part, l’« influence civilisatrice » apaisante s’opérant à chaque étape du développement de la culture. Et c’est bien parce qu’il en est ainsi que la civilisation doit être toujours « redéfinie », au risque sinon de sombrer dans le folklore, y compris bien sûr le folklore humaniste.
En complément est proposé ici un texte postérieur, CSM, coopération sous stress maximal, dans lequel Heiner Mühlmann développe quelques aspects de La Nature des cultures.
Heiner Mühlmann est un théoricien de la culture, né en 1938 à Recklinghausen. Il a enseigné dans les universités de Paris viii, Münster et Wuppertal. Après sa publication en 1996, il a dirigé un séminaire au Collège international de philosophie portant sur son ouvrage principal La Nature des cultures. Il appartient au groupe de recherche de neuro-anthropologie Trace basé à Zurich. Depuis 2005 il est professeur invité à la Staatliche Hochschule für Gestaltung (HfG) de Karslruhe dont le recteur est Peter Sloterdijk.