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Alexandre Pierrepont

La Nuée

L’AACM : un jeu de société musicale

La Nuée

 

Collection : Eupalinos / MUS
15 × 23 cm, 448 p., bibliographies, discographies, 2015.
ISBN 978-2-86364-669-4
Prix : 19 €

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  • Un extrait 

C’est en 1965 que certains musiciens afro-américains de Chicago décidèrent de mutualiser leurs efforts, sur tous les plans, d’approfondir les rapports coopératifs caractéristiques de leurs pratiques socio-musicales en regard des notions d’autodétermination et d’autogestion que le mouvement Black Power mettait alors à l’ordre du jour. Depuis, le rôle tenu par l’Association for the Advancement of Creative Musicians (AACM) dans les développements contemporains du champ jazzistique est unanimement reconnu.
Basée à Chicago, installée à New York, diffusée en Amérique du Nord et en Europe, l’AACM propose une musique multidéterminée (communautaire parce que cosmopolite, cosmopolite parce que communautaire), multidirectionnelle (des grands principes du blues ou du gospel aux grands principes du rap ou de l’électro, en passant par toutes les ressources de l’improvisation) et multidimensionnelle (esthétique, critique, philosophique et spirituel) – une « matrice de créativité ». C’est l’accomplissement d’une musique-monde, polyphonique, polyrythmique, et finalement polymorphe, d’une musique qui fait et fait faire l’expérience de l’hétérogénéité, et reprend le vœu émis par Duke Ellington : « Pour moi, le jazz signifie simplement : liberté d’expression musicale ! Le jazz signifie simplement la liberté de prendre de multiples formes. »
À dire vrai, les individualités qui composent l’AACM, de la première à la cinquième génération, ont toujours conçu leur mise en commun comme le spectre d’un rayonnement, formant, déformant et transformant une société de la musique – simultanément assemblée et rassemblement, coopérative et syndicat, fraternité et société secrète ou ouverte, mouvement socio-musical et école du monde.
À tous ces titres, indivisibles, faire l’histoire et l’anthropologie de l’AACM, dans sa continuité et ses discontinuités, c’est faire l’histoire et l’anthropologie encore inédites du double espace occupé par la musique créative, au tournant du XXIe siècle, à la fois comme institution sociale alternative et comme imaginaire social. Comme utopie réalisée et réalisante.