« Ce livre n’est pas une œuvre littéraire composée dans la forme reposante d’un développement impeccable et la mesure sereine de choses qui ont vécu depuis longtemps et ont pris une attitude définitive. Il exprime le martèlement de la vie présente, la croissance accélérée et violente d’un phénomène neuf : l’urbanisme ; l’explosion des malaises accumulés, l’éclatement des crises ; les impasses ; une volonté d’action saine, courageuse et optimiste ; la foi dans les destinées d’une civilisation nouvelle ; la certitude que le monde n’est pas vieux, mais au contraire, jeune et agile ; le réveil imminent d’une conscience moderne ; la joie de l’action, le proche déclenchement des grands travaux ; la certitude d’une reprise des valeurs humaines profondes ; la possibilité d’atteindre aux joies essentielles. La société moderne rejetant les hardes usées s’apprête à réintégrer un cadre décent : la ville radieuse. » Le Corbusier
Publié pour la première fois en 1935 alors que l’Europe connaît les contrecoups de la Crise de 1929 et tourne au ralenti, La Ville radieuse est le quinzième livre écrit par Le Corbusier, alors âgé de 48 ans, et le troisième qui expose sa vision de la ville. Grâce à ses prises de position, ses nombreux livres et ses réalisations sur trois continents, Le Corbusier s’est imposé comme la figure de proue de la nouvelle architecture mondiale. Avec cet ouvrage, il démontre le changement d’échelle de ses réflexions qui passent de l’objet architectural à la gestion de territoires métropolitains. Décongestionner le centre des villes, densifier, développer et hiérarchiser les voies de circulation et augmenter les surfaces plantées sont les principes fondamentaux de cette « ville radieuse ».
Pour l’architecte, éditer des ouvrages fera partie intégrante, tout au long de sa carrière, de la genèse de son œuvre, entre réflexions et projets, une manière de clamer ses idées, d’interpeller ses contemporains et de pousser les décideurs à l’expérimentation.
L’idée de « ville radieuse » naît en 1930 lorsque Le Corbusier répond à une demande des autorités soviétiques qui l’invitent à réfléchir à un projet de ville verte. Cette consultation porte sur une « cité-jardin socialiste » pour 100 000 habitants mais, comme à son habitude, il saisit cette occasion pour concevoir une proposition progressiste et fonctionnaliste bien plus ambitieuse.
L’ouvrage est organisé en huit parties où Le Corbusier brosse le tableau du contexte des années trente, expose ses principes d’urbanisme et les solutions techniques modernes à disposition et présente l’ensemble des projets qu’il a été amené à réaliser pour plusieurs grandes métropoles : Paris, Montevideo, São Paulo, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Alger, Genève, Anvers, Moscou, Stockholm, Rome, Barcelone…
L’impact de cet ouvrage au moment de sa parution fut considérable et l’influence sur les architectes et les urbanistes des idées posées par Le Corbusier a perduré tout au long du XXe siècle. L’utopie sociale du Mouvement moderne est tout entière comprise dans cet adjectif qui qualifie la ville corbuséenne de « radieuse », mariage d’un certain humanisme et du progrès technique.
« Que ce livre trouve le chemin du cœur ! », conclut_il.