Amsterdam, pour être l’une des plus vieilles capitales d’Europe, n’en est pas moins une des plus innovantes pour relever les défis en matière de mobilité, d’économie, de gestion énergétique, d’écologie et de fonctionnement démocratique. Déterminée à régénérer la ville existante pour contenir les deux menaces qui pèsent sévèrement sur son avenir, à savoir une forte pression démographique (fruit de son succès) et l’inéluctable montée des eaux (conséquence du réchauffement climatique), la capitale néerlandaise a su prévenir la paralysie imposée par la réduction des dépenses publiques en misant sur le foisonnement des initiatives, mariant sans complexe enjeux publics et potentiels privés. Comment et selon quels partenariats ? Avec quels financements ? Suivant quelles priorités ? Et pour quels projets ?
Ce fleuron de l’intelligence urbaine, où bouillonnent projets collaboratifs, initiatives citoyennes stimulées par une administration agile et solutions numériques, façonne avec ambition et prosaïsme une politique territoriale qui trace un trait sur « l’urbanisme des experts » pour ouvrir le champ du projet à tous les acteurs de la ville : investisseurs privés, collectifs citoyens, universitaires ou artistes-performeurs. Une pluralité de modes d’action locaux pour une ville qui se penche sur son devenir métropolitain.
Invitant, au travers de l’expérience amstellodamoise, à la réflexion sur les pratiques novatrices en matière d’articulation des initiatives publiques et privées, de prise de décision et de tactique financière, cet ouvrage met également en avant les réalisations récentes qui font d’Amsterdam une ville inspirante où la mobilité se diversifie grâce au vélo, à la voiture électrique et aux outils numériques ; où 78 % des déchets ménagers sont recyclés ; où la multiplication des smart work centers permet de réduire les déplacements et où trois quartiers récemment sortis des eaux offrent autant de « laboratoires vivants » aux expériences sociales, culturelles et technologiques.
Une ville qui fait la part belle à la société civile et à ses initiatives ascendantes tout en s’aventurant sur les terrains critiques : équilibrer la pression touristique, enrayer la gentrification de son centre historique, résorber les iniquités et préserver la richesse de ses paysages à l’heure où les équilibres métropolitains se mettent en place sous l’égide d’une institution encore informelle. Autant d’enjeux qui font qu’à Amsterdam, l’expérimentation est loin d’en être à son terme. Dernier-né de l’action publique : le plan d’action vers la ville « circulaire », qui ambitionne la réduction drastique du gaspillage des ressources, la maîtrise des impacts environnementaux et l’augmentation du bien-être des habitants : une longueur d’avance qui fait d’Amsterdam un modèle en mutation constante.
Ariella Masboungi, architecte-urbaniste, est inspectrice générale de l’administration du Développement durable, en charge de la mission « Projet urbain » auprès du directeur général de l’Aménagement, des Transports et du Logement ; elle conçoit et dirige les ateliers « Projet urbain », ainsi que le Grand Prix de l’urbanisme − tous deux donnant lieu à des collections de livres du même nom.
Antoine Petitjean est architecte, il collabore depuis 2008 avec l’Atelier Philippe Madec, abordant autant les questions d’architecture, de projet urbain que de prospective territoriale.